Sous couvert de «reconquête républicaine» des banlieues et d'«accès
à la citoyenneté» des jeunes immigrés, Jean-Pierre Chevènement a enfilé le costume du père Fouettard et relayé l'immuable pensée sécuritaire des ministres de l'Intérieur à laquelle seul Pierre Joxe a dérogé, préférant, à l'arrivée des socialistes au pouvoir, parier sur la prévention. Le tout- répression est revenu place Beauvau, avec un Charles Pasqua caricatural, incarnation de la droite musclée, et bien décidé à s'occuper des «voyous» et à rouvrir les «maisons de correction». Par la suite, deux ministres de l'Intérieur se sont attaqués tour à tour à la courbe ascendante des délits et aux «mineurs multirécidivistes», avec des armes et des mots similaires.
Dès son arrivée à l'Intérieur, en mai 1995, le RPR Jean-Louis Debré prône la modification de l'ordonnance de 1945, qui privilégie, pour les mineurs, les mesures éducatives par rapport aux mesures répressives. Il veut en finir «avec le sentiment d'impunité» des mineurs (auteurs selon lui de 17% des infractions), éviter «le développement du caïdat dans les cités» et le développement de «zones de non-droit». C'était, alors, aussi une façon de soutenir ses policiers «découragés» à force de voir des «meneurs» relâchés. Les «sauvageons». Jean-Pierre Chevènement, qui a été obligé de ravaler son projet de réviser l'ordonnance de 1945 (qui favorise la prévention plutôt que la répression), préconise des «centres de retenue» pour les «sauvageons»: «Il faut trouver des