C'était en juillet 1997, et l'Asie entamait sa descente aux enfers. Quelques mois plus tard et dans la plus grande indifférence, plusieurs centaines de décideurs, d'industriels et de financiers se retrouvaient en Suisse dans la petite station de sport d'hiver de Davos pour leur Forum économique mondial. La crise asiatique? «Une affaire strictement régionale», disaient-ils alors en substance. Avant d'affirmer doctement que la crise était une occasion d'accélérer le mouvement de mondialisation des économies. Aujourd'hui, leur ton a changé. Et la trouille s'est installée. Il est vrai qu'entretemps la crise financière a bousculé plusieurs fois les économies des pays les plus riches. Des questions vitales devraient donc être posées à Davos cette année. Mais Davos est-il le lieu propice pour que soit abordée l'une des questions qui divisent le plus le monde des économistes: celle relative à l'emprise de la sphère financière sur l'économie réelle?
Excès. Pour les détracteurs du modèle libéral, c'est bien cet excès de finance qui mine aujourd'hui l'économie. Ce sont donc ces marchés financiers qu'il faut maîtriser, ou plutôt la liberté totale de ces milliards de dollars qui circulent quotidiennement sans aucun contrôle. Chaque jour, ce sont près de 1 500 milliards de dollars (8 400 milliards de francs ou 1 300 milliards d'euros), soit l'équivalent de la richesse produite par la France en un an, qui peuvent aller s'investir là où ils veulent, ou plutôt là où les profits à très court