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Libération

Au Japon, la transparence treize ans après

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publié le 8 février 1999 à 23h39

Tokyo, de notre correspondante.

Dès mi-1983, le ministère japonais de la Santé a commencé à s'interroger, à travers une commission d'experts sur le sida, sur les risques de contamination du virus par des produits sanguins non chauffés. Mais, comme en France, le gouvernement n'a approuvé l'utilisation de produits traités qu'en juillet 1985, soit deux ans après les Etats-Unis. Ce qui n'a pas empêché l'utilisation régulière de produits non traités jusqu'en 1986. Résultat: sur une population de 5 000 hémophiles, 1 900 ont été contaminés par le virus au début des années 80. Au moins 600 sont morts depuis.

Jusqu'en 1996, les autorités nippones avaient toujours nié leur responsabilité dans la tragédie et s'en tenaient toujours à la même version, à savoir que le danger de la transmission des produits non chauffés n'a été connu avec certitude qu'en 1985. Ce qui bloquait toute indemnisation des victimes.

Il a fallu l'audace d'un nouveau ministre de la Santé, Naoto Kan, pour que le ministère admette sa responsabilité. Dès sa nomination en janvier 1996, Kan a ordonné une fouille complète de son ministère qui, à la différence d'autres recherches menées par ses prédécesseurs, a apporté la preuve que l'administration avait commencé à s'interroger dès 1983.

Du coup, condamnés déjà à deux reprises par les tribunaux de Tokyo et d'Osaka saisis par les victimes, le gouvernement et cinq groupes pharmaceutiques ont fini par accepter en mars 1996 d'indemniser les victimes par un règlement à l'amiable