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Libération

La classe politique, de l'affrontement à la raison. Comment la droite a basculé. Une condamnation de Fabius pourrait bouleverser la fonction d'élu.

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publié le 8 février 1999 à 23h39

Ils ne savent plus s'il était sur une felouque ou un bateau de

croisière de grand luxe. Ils se souviennent en tout cas de sa réaction. «C'est bien gentil de vous inquiéter pour moi, mais s'il y a un dossier où on ne peut pas venir me chercher des poux dans la tête c'est bien celui-là.» C'était à la Toussaint 1991. Laurent Fabius est en vacances sur le Nil. A Paris, l'affaire du sang prend de l'ampleur, les regards se tournent vers les ministres de 1985. L'entourage du président de l'Assemblée nationale s'inquiète. Et finalement, Laurent Fabius aussi. C'est lui qui rappelle et rappelle. «Nom d'une pipe, je ne savais pas que les bords du Nil étaient infestés de cabines téléphoniques», blague son directeur de cabinet, Jean-Claude Colliard. Laurent Fabius ne devine probablement pas encore ce que peut devenir pour lui l'affaire du sang. Mais il sait qu'elle est de trop. Qu'elle a mal choisi son moment.

Quelques semaines plus tôt, Georgina Dufoix a testé sa ligne de défense à 7 sur 7: «Responsable mais pas coupable», lâche-t-elle. Ça ne passe pas: la responsabilité ne suffit plus, c'est déjà la culpabilité qu'il faut envisager. Il y a un moment qu'elle plane sur la politique. Et sur les socialistes en particulier. Englués dans l'amnistie votée en 1990, poursuivis par un juge Van Ruymbeke qui amasse des informations sur le système Urba, et promoteurs d'un Bernard Tapie qui roule des mécaniques sous la protection de l'Elysée, le soupçon ne les lâche pas d'une semelle. Bref, le deux