Le procès du sang contaminé est nécessaire. Pour les victimes et
leurs familles, que la plus cruelle des injustices a jetées dans le malheur et à qui l'Etat doit une réparation à hauteur de ce sort fatal. Pour les trois ministres accusés, que l'on condamne dans l'opinion sans preuves ni jugement.
Dans ce pays où le politique est au plus bas, il faut faire ce procès des politiques: c'est leur seule chance de se disculper; c'est leur seule chance de retrouver la confiance. Après des années d'accusations indistinctes, d'amertume et de suspicion, ils ont désormais la possibilité de s'expliquer en profondeur, dans les formes prévues par la loi, au cours d'un débat équitable.
Tout accusé a le droit de se défendre comme il l'entend: une campagne compréhensible, mais maladroite, s'est ainsi développée pour contester la légitimité même du procès. Elle n'a fait qu'embrouiller la question. Au terme de savants raisonnements juridiques, on a affirmé que la Cour de justice de la République s'apprêtait à substituer indûment la responsabilité pénale à la responsabilité politique. C'est-à-dire à juger devant un tribunal des fautes relevant de la seule sanction de l'élection, ce tribunal du citoyen.
C'est ignorer la nature de l'accusation, c'est abandonner la réalité pour l'abstraction. Or, l'enquête judiciaire n'a pas mis au jour une erreur d'appréciation, un manque de coordination ou de connaissance, un choix moral ou philosophique malheureux. Elle a établi qu'une campagne d'influence concerté