Une semaine folle s'ouvre pour le scandale du sang contaminé.
Dix-huit ans après les premiers cas de sida en France; quatorze ans après la mise en place d'un système de surveillance sanitaire avec le dépistage de tous les dons du sang; sept ans après le premier procès en correctionnelle des dirigeants du Centre national de transfusion sanguine (CNTS) et de l'administration; cinq ans après le dépôt des premières plaintes pour «empoisonnement» contre trois anciens ministres de la République. Demain donc, devant la Cour de justice de la République, une scène inédite dans l'histoire de la vie politique française va se jouer: trois ministres devant des juges. Laurent Fabius, Premier ministre de juillet 1984 à mars 1986; Georgina Dufoix, ministre des Affaires sociales de juillet 1984 à mars 1986; Edmond Hervé, secrétaire d'Etat à la Santé de 1983 à mars 1986, vont être jugés par douze parlementaires (six députés et six sénateurs) et trois magistrats de la Cour de cassation. Pour «homicides involontaires» et «atteintes involontaires à l'intégrité physique». Double postulat. L'arrêt de la commission d'instruction de la Cour de justice (dont Libération publiera l'essentiel demain) s'est fondé sur un double postulat, contesté par les mis en examen: les dangers du sida et de sa transmission par voie sanguine étaient déjà connus début 1985, et les ministres ne pouvaient ignorer les décisions prises en la matière par leurs cabinets. Cela concerne en particulier la question du dépistage