Confronté à un problème similaire, le gouvernement italien a opté
pour une réponse diamétralement opposée à celle choisie par son homologue français. Tous les deux ont dû faire face à un afflux imprévu de demandes de régularisation de résidents étrangers dépourvus d'autorisation légale de séjour. Les Français se sont arc-boutés contre une régularisation générale, mettant en avant un légalisme d'ailleurs démenti dans les faits par une application plutôt arbitraire. Les Italiens ont préféré accorder libéralement les autorisations de séjour, multipliant par six le nombre de celles-ci qu'envisageait initialement leur projet. Cette attitude n'est pas seulement généreuse. Elle est aussi réaliste.
Au bout du compte, la proportion de sans-papiers effectivement expulsés ne sera pas très différente d'un côté ou de l'autre des Alpes. La sévérité française maintient dans l'illégalité des dizaines de milliers de personnes dont on admet tacitement que leur séjour en France se poursuivra malgré tout. Elles ne répondent pas à tous les critères de régularisation, mais sans tomber pour autant sous ceux qui régissent l'application effective des procédures d'expulsion. La France affiche très haut une posture juridique, tout en reconnaissant que celle-ci n'est pas susceptible de traduction en pratique. Le pragmatisme l'a en revanche emporté en Italie, comme il justifie en France la position tardive et inattendue d'un Charles Pasqua devenu partisan d'une régularisation générale.
Les migrations depui