D'une part, l'Etat-patron ne peut faire moins que ce que l'Etat
réclame par ailleurs des patrons: les 35 heures doivent se traduire par des créations d'emplois. D'autre part, l'Etat-patron ne peut réagir autrement que les patrons face à l'Etat: un compte d'exploitation n'est pas exactement de la pâte à modeler. Bref, l'Etat, ou plutôt le gouvernement pluriellement de gauche, c'est Janus qui pleure et qui rit et qui, en outre, doit faire bonne figure à Pierre sans fâcher Paul. Le rapport Roché lui fournit quelques pistes vers l'accomplissement de cette gageure...
Le point fort de celui-ci est de mettre en lumière l'extrême diversité des situations concrètes que cache la fausse apparence d'unité induite par la référence à un même «statut des fonctionnaires». On a donc déjà pratiqué la flexibilité, quoique dans le désordre et l'hypocrisie et au prix d'inégalités au sein même de la fonction publique. Le passage aux 35 heures trouve là un terrain naturel de négociations. Puisque les patrons sont censés embaucher dans la foulée des 35 heures par des gains de productivité et des efforts de compétitivité, il est logique d'en attendre autant de la fonction publique. A l'ingénierie sociale de montrer ce qu'elle sait faire! Pourtant, la question des 35 heures dans la fonction publique n'est pas prioritairement sociale, mais politique. Les millions de fonctionnaires ne fournissent pas seulement les derniers bataillons d'une puissance syndicale ailleurs érodée. Ils constituent une masse