Voilà une bonne occasion pour Jean-Pierre Chevènement de montrer ce
que République veut dire. Face à l'aggravation des phénomènes de délinquance urbaine, une réaffectation des forces de l'ordre relève d'une priorité absolue pour un Etat qui place l'intérêt collectif au-dessus des intérêts particuliers. Si l'actuel ministre de l'Intérieur réussissait là où ses prédécesseurs ont échoué, voire renoncé, il donnerait sans doute plus de crédit à ses idées républicaines qu'en ferraillant contre d'improbables «élites mondialisées».
A sa décharge, il n'est pas le seul ministre concerné. C'est l'un des avantages du rapport dont nous révélons la teneur, que de montrer que le mauvais emploi des hommes, le double emploi des missions ne sont pas seulement le fait de la police nationale, mais aussi de la gendarmerie dépendant du ministère de la Défense. Ces deux corps ont la particularité de compter dans leurs rangs des unités mobiles exagérément fournies, qui ont connu leur essor dans les années Marcellin quand on suspectait une amorce d'insurrection dans le moindre rassemblement de plus de trois personnes sur la voie publique. Les temps ont changé, la violence sociale s'exprime autrement, on a moins besoin de gros bataillons de CRS et de gendarmes mobiles baladeurs d'un coin à l'autre de l'Hexagone même s'ils restent parfois indispensables. C'est là qu'on trouve des «gisements» de productivité, ou, si on préfère, des personnels qui seraient plus utiles dans des commissariats ou des bri