C'était l'excuse des résignés, la justification des tartufes:
«Empêcher les pots-de-vin? Mais tout le monde le fait! C'est ça ou perdre le marché.» Et aussitôt l'on traitait de rêveur puritain celui qui s'inquiétait de la prolifération de l'argent noir dans les grands contrats et les moins grands à l'exportation. Inquiétude pourtant cent fois justifiée: la pratique des «frais commerciaux» indistincts, c'est-à-dire frauduleux, entretient dans beaucoup de pays, souvent les plus pauvres, des élites parasitaires et voleuses dont le comportement indigne maintient leur pays dans l'arriération démocratique et le sous-développement; en produisant des quantités astronomiques d'argent noir, elle irrigue aussi bien, par le procédé des «retours de commission», une corruption domestique qui n'a cessé de croître, jusqu'à gangrener la classe politique de plusieurs grandes démocraties. Finalement, à la suite de l'action de plusieurs juges courageux, des révélations de la presse, de l'action d'associations comme Transparency et de la prise de conscience de l'opinion, ce qui paraissait impossible se réalise: les grands pays se mettent d'accord pour proscrire leurs propres actions de corruption. Bien sûr, tout cela suppose une application rigoureuse; bien sûr, il faudra écarter le soupçon conçu par les Français selon lequel les Anglo-Saxons, mieux préparés à cette nouvelle donne, promeuvent de nouvelles règles pour entraver le commerce international de leurs concurrents. Mais la conventio