Une fois de plus, la cause des femmes donne lieu à un mauvais débat.
Lancé par un projet de révision constitutionnelle sans caractère contraignant et donc ambigu («la loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats et aux fonctions»), le processus tendant à élargir la représentation des femmes dans le monde politique semble aujourd'hui menacé d'enlisement. La faute en est imputée au Sénat, auquel on fait grief d'avoir bloqué le processus en adoptant un texte divergent de celui de l'Assemblée nationale. Mais la réalité est plus complexe.
Elle l'est d'abord parce que, au Sénat, la thèse de l'universalité du concept de citoyen et de la non-différenciation des sexes a été vigoureusement défendue, y compris par une figure éminente de la gauche, Robert Badinter. On ne doit donc pas sous-estimer le débat. Mais refuser toute «action positive» en faveur des femmes, c'est perpétuer cette «exception française» qui fait de notre pays l'avant-dernier Etat européen du point de vue de la représentation féminine au Parlement et le classe au-delà du 70e rang mondial. Sait-on que le pourcentage de femmes élues à l'Assemblée et au Sénat (un peu moins de 6%) était au début de 1997 le même qu'en 1945?
On ne mettra un terme à ce décalage d'une autre époque entre société politique et société civile que par des mesures volontaristes, qui peuvent être unilatéralement arrêtées par les partis, mais qui le seront plus sûrement si un texte les y contraint. Mais, sur la teneur d'une telle réf