Istanbul, de notre correspondant.
Abdullah Ocalan avait fui la Turquie pour la vallée de Bekaa en 1980 afin de préparer la lutte armée pour un Etat national kurde. Il y retourne dix-neuf ans après, menottes aux poignets. Pour Ankara, il incarne l'ennemi public numéro 1, maître d'oeuvre depuis quinze ans d'une rébellion que l'armée turque, la deuxième de l'Otan, n'a pas réussi à mater malgré 31 000 morts et le déplacement de plus de 3 millions de personnes dans le sud-est anatolien, à majorité kurde. Ses partisans du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) le surnomment Apo et voient en lui le «chef incontestable de la révolution nationale kurde». Mais il est loin de faire l'unanimité chez les Kurdes où nombre d'intellectuels l'appellent ironiquement «Atakurde» (père des Kurdes) en référence à Ataturk, le fondateur de la Turquie moderne, pour ses tendances antidémocratiques, voire mégalomanes. «Mes gens sont prêts à tout moment à mourir pour moi si je leur en donne l'ordre», affirmait Ocalan en 1996 à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Apo a en fait les comportements et les attributs d'un chef de tribu dans la tradition rurale kurde.
Grand, brun et moustachu, Abdullah Ocalan est né en 1949 à Halfeti, un village du sud-est de la Turquie, dans une famille nombreuse où il fut le seul à pouvoir étudier. Après l'école coranique et la communale, il part à Ankara dans un collège technique puis s'inscrit à la faculté de science politique, qu'il abandonne en troisième année. Là, il