Agitée, tels les 40es rugissants dans l'océan habituellement pacifique des démographes, la question d'une variable statistique ethnique se résout en un discret compromis: l'introduction, dans l'enquête-famille associée au recensement, d'une question sur l'origine des parents. Il ne pouvait d'ailleurs en être autrement: les modalités du 33e recensement étant bouclées depuis près de trois ans. La récente et virulente polémique sur la publication de statistiques ethniques n'a donc eu aucun effet sur la teneur du questionnaire. Dans le recensement proprement dit (le bulletin individuel), la seule variable ayant trait aux origines est une sous-question posée cette année aux immigrés: leur année d'arrivée en France. Alors que, dans les pays anglo-saxons, depuis des décennies, les recensements ont l'habitude de diviser la population en races et groupes ethniques. «La polémique récente a pu créer une confusion, mais les renseignements sur la nationalité à la naissance ont toujours figuré dans le recensement», s'étonne Michèle Tribalat, directrice de recherches à l'Ined et coauteur avec Pierre-André Taguieff de Face au Front national (1), ouvrage dans lequel elle défend l'utilité des statistiques ethniques, ce qui l'a fait accuser par certains démographes de dérive «extrémiste». Le problème, ajoute la chercheuse qui déplore l'absence de données chiffrées sur la population immigrée, c'est que la question «sur la nationalité de naissance des naturalisés français» est une très mauvaise
La population immigrée, question taboue.
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par Béatrice BANTMAN
publié le 19 février 1999 à 23h48
(mis à jour le 19 février 1999 à 23h48)
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