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Libération
Reportage

La loi des fusils en Ardèche.Même le PS soutient les chasseurs en guerre contre les directives européennes.

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publié le 22 février 1999 à 23h50

Aubenas envoyé spécial

«Alouette, gentille alouette», fredonne un chasseur. A ses pieds, une soixantaine d'oiseaux s'entassent. Une chaleur de sang caresse encore leur plumage, beige comme les herbes sèches de l'hiver. Des «cui-cui» avant-coureurs indiquent une nouvelle volée, portée par un vent traversant. Un nuage d'oiseaux apparaît au creux du cirque de montagnes et remonte vers le col de la Fayolle. Pan, pan, pan, pan! Derrière des branchages, la trentaine de chasseurs postés le long de la ligne de crête tirent, fusil en l'air, sans viser, dans le tas.

Samedi 20 février, c'est le dernier jour de chasse à l'alouette autorisée en Ardèche. Ce qui mobilise les chasseurs, ce n'est pourtant pas cet oiseau de trente grammes, mais le pigeon ramier appelé aussi la palombe. Depuis 1991, une directive européenne en proscrit le prélèvement au mois de mars en Ardèche: pas question de tirer sur des reproducteurs. «ça va encore être la guerre civile», regrette Stéphane Alaize, 35 ans, le député PS du coin.

Chaque année en mars, des centaines de chasseurs «tiennent» les cols de Fayolle et de l'Escrinet. En 1998, le préfet a toléré des «manifestations» et les forces de l'ordre ont fermé les yeux sur les actes de braconnage. «On devait rester à distance et compter les oiseaux morts. Le nombre de pigeons transpyrénéens est pourtant en chute libre, les chasseurs le disent eux-mêmes, mais ils veulent continuer à chasser», dénonce Laurent Faure, un garde national de la chasse devenu «plus indi