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Libération
Éditorial

Territoires.

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publié le 22 février 1999 à 23h50

Dans la réunion au sommet d'aujourd'hui entre écologistes et

chasseurs, il y a la recherche évidente d'armistice entre deux camps qui n'ont pas forcément à gagner à la poursuite des escarmouches. Daniel Cohn-Bendit supporte assez mal les comités d'accueil de nemrods locaux qui lui gâchent ses meetings de campagne. Quant au mouvement des chasseurs, à force de harcèlement contre les Verts, il va finir par apparaître davantage comme un fauteur de désordre public mettant en péril les libertés démocratiques que comme le lobby apolitique qu'il prétend être.

Mais la rencontre entre MM. Cohn-Bendit et Daillant porte également en elle sa charge symbolique de l'affrontement récurrent entre deux forces qui se disputent la propriété de la nature. Arguant du privilège de l'occupant, les chasseurs, à l'instar des paysans (ce n'est pas incompatible), s'estiment souvent les usufruitiers exclusifs d'un territoire et de ses traditions. Les écologistes défendent, à juste titre, le caractère public de l'espace naturel et ils se veulent les représentants de ses usagers, actuels et à venir. Comme rien n'est simple, chaque camp a ses contradictions, puisque l'on trouvera, dans certaines sociétés de chasse, une sagesse irréprochable dans la gestion environnementale et, chez les militants de l'environnement, des intégristes obtus qui crient au fascisme dès qu'un lièvre croise une volée de plombs.

On serait enclin à penser que l'affaire des dates de tir à l'ortolan (entre autres) n'est pas un conflit in