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Libération
Éditorial

Inconvénients d'une justice d'exception.

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publié le 25 février 1999 à 23h53

Ouvert au milieu du scepticisme, le procès dit du sang contaminé

s'est clos parmi le doute. Celui-ci profite légitimement aux accusés mais, s'agissant de personnalités publiques, n'a pas la vertu d'effacer toute suspicion dans l'opinion. Loin de venir en aide aux accusés, l'aspect improvisé, bancal, du procès les empêche de profiter de tous les bénéfices d'une innocence que le ministère public a demandé de voir reconnue, ce que les juges pourront peut-être faire prochainement. La meilleure cour de justice du monde ne peut donner que ce qu'elle a ­ le formalisme procédural de la convention juridique ­ et ce tribunal (c'est peu dire) n'était pas vraiment le meilleur du monde. Rétrospectivement, on mesure combien il a été regrettable qu'un procès aussi important et aussi subtil vienne à se dérouler devant une juridiction qui faisait avec lui ses tout premiers pas dans l'existence. Le pli a vite été pris de juger les juges, lesquels ont été ainsi mis en demeure de se juger eux-mêmes en jugeant les ministres. La lumière, quand elle a été faite (ce qui n'a pas toujours été le cas) a été retenue prisonnière des lignes brisées d'un jeu de miroirs narcissique qui dépassait tout le monde, à commencer, bien sûr, par le président. Les représentants des victimes, en ne s'y reconnaissant pas, ont aussi contribué à éloigner l'image d'une justice sereine, efficace. Sans doute aurait-il été préférable que leurs conseils puissent intervenir directement au cours des débats dont le dispositi