François Damilano, guide de haute montagne et alpiniste très actif

sur les cascades de glace du massif du Mont- Blanc, a accepté hier de répondre à chaud à Libération.

Pour les professionnels de la montagne, ce sauvetage très médiatique en Vanoise va-t-il changer quelque chose?

Je trouve cette affaire disproportionnée. L'émotion autour des morts de l'avalanche de Montroc, je comprenais. Mais profiter de ce que trois alpinistes aient passé une semaine dans un trou pour vouloir légiférer sur la montagne, je ne comprends plus du tout. Pourquoi se préoccuper tout d'un coup du surcoût des secours? Devient-il soudain insupportable? Ou alors s'agit-il d'un problème de morale? Il ne faudrait pas payer pour ces gens-là parce qu'ils monnayent leur récit? Mais au nom de quoi n'en auraient-ils pas le droit, alors que les télévisions vivent depuis deux semaines sur les avalanches et sur cette histoire? Qui, dans cette affaire, a la morale pour lui?

Cette affaire me semble parfaite pour nous amener à cette conclusion: il faut légiférer sur la montagne. Vous ne le souhaitez pas" Qui va fixer la ligne rouge, et comment? Qui, et au nom de quoi, va décider qu'il y a imprudence caractérisée? Je ne parle pas des cas extrêmes, faciles à trancher, mais de tous ces cas un peu limite. Moi, il m'est arrivé de me faire prendre par le mauvais temps en montagne: un peu de retard dans une grande course, le mauvais temps qui arrive un peu plus vite que prévu" Qui va juger de mon imprudence, légiférer? Je