Menu
Libération

Le procès du sang contaminé. «C'est bidon, mais c'était couru d'avance». Les associations de victimes, déçues, jugent cependant que le procès n'a pas été inutile.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 mars 1999 à 0h04

Il y eut d'abord des réactions de colère, des mots violents lancés à

la figure des anciens ministres qui quittaient la salle d'audience. «Vous avez du sang sur les mains, monsieur Hervé. Vous voulez, peut-être, qu'on vous fasse une pipe!», lançait, à bout, une femme dont le fils a été contaminé. «Honte à vous!», ont hurlé M. et Mme Gaudin, dont deux enfants hémophiles sont morts du sida. «C'est bidon, mais c'était couru d'avance, sans la présence de parties civiles», a poursuivi Sabine Paugam, avocate des hémophiles. Une douleur à l'état brut. Mais hier, en dépit d'une insatisfaction absolue, il y avait aussi le sentiment qu'«il s'était passé quelque chose». «Edmond Hervé est quand même condamné», a dit Edmond-Luc Henry, président de l'Association française des hémophiles. «Et il l'est sur une question qui a trait à la qualité des produits sanguins. D'une certaine façon, c'est la reconnaissance de notre combat des hémophiles.» Avec ce bémol: «Sur le dépistage, le procès n'a pas permis de mettre en avant des preuves réelles d'un retard décidé par les ministres. Il reste un doute.»

De fait, les associations de transfusés et d'hémophiles n'ont pas voulu réagir «de manière exagérée». «On est toujours accusé de crier vengeance, explique Olivier Duplessis, président de l'Association des transfusés. Or, ce n'est pas ce qu'on recherche.» Il argumente: «Pour nous, dans une procédure qui n'était pas à la hauteur d'un Etat de droit, que les ministres soient condamnés ou acquittés, cela