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Libération

Le procès du sang contaminé. Jugement clément de la Cour de justice pour les trois ministres. Sang contaminé: deux relaxes et une non-condamnation. Pas de poursuites contre Laurent Fabius et Georgina Dufoix, Edmond Hervé est condamné mais dispensé de peine.

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publié le 10 mars 1999 à 0h04

D'un coup, tout a basculé. Ce n'est plus vraiment l'univers de la

justice, c'est déjà celui de la politique. Les quinze juges de la Cour de justice de la République sont sortis les premiers, vers 11 h 45, du Centre international des conférences. Suivis des trois ministres et de leurs conseillers. Ni l'avocat général ni le procureur général de la République n'ont voulu traîner. Tous disparaissent. La justice envolée? En tout cas, elle a quitté l'endroit au plus vite, presque en catimini. Donnant l'impression de vouloir en finir une bonne fois pour toutes avec ce procès. En laissant derrière elle un arrêt chargé de polémiques. Laurent Fabius relaxé, et mieux encore: «Son action a contribué à accélérer la prise de décision.» Georgina Dufoix relaxée: «Il n'apparaît pas que l'intervention du ministre ait été nécessaire avant la décision du Premier ministre, du 19 juin 1985, annonçant le dépistage obligatoire.» Après? Elle a plutôt aidé à l'accélération des décisions, ont estimé les juges. Reste Edmond Hervé. Il est déclaré coupable sur la question du non-rappel des transfusés et de la mauvaise qualité des produits sanguins contaminés. Condamné donc, mais dispensé de peine. «Il n'a pu bénéficier totalement de la présomption d'innocence, en étant soumis, avant jugement, à des appréciations souvent excessives», explique le président de la cour.

«Et moi, est-ce que je suis dispensée de mon sida?», réagit aussitôt Sylvie Rouy, une des victimes dont la plainte est à l'origine de la co