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Libération
Interview

Yehudi Menuhin rejoint Stradivarius. J'ai le projet d'une transformation des frontières, qui deviendraient invisibles...» Il y a quelques semaines, Menuhin expliquait à «Libération» les ressorts de son engagement. Sans langue de bois.

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publié le 13 mars 1999 à 0h07

De passage à Paris, il y a quelques semaines, le violoniste et chef

accordait une interview à Libération, en français, portant quasi exclusivement sur ses engagements humanitaires.

Il s'apprêtait à donner une série de concerts Mozart, salle Pleyel, à Paris, pour lesquels il avait fait appel à des solistes comme Renaud Capuçon, Gilles Apap et Vadim Repin, qu'il avait suivis. D'emblée, il rappelait sa passion de Mozart et annonçait qu'il redonnerait ce programme de «symphonies» et le Requiem de Mozart au Cap, en Afrique du Sud, pour le réveillon de l'an 2000.

«Quand ma femme m'a demandé, il y a quelques mois, ce que je comptais faire à cette date, je lui ai répondu: "Je ne suis sûr que d'une chose, jamais je ne pourrai participer à une grande célébration avec feux d'artifice. Il n'y a pas de place pour la jubilation dans le monde d'aujourd'hui. A partir du moment où l'homme laisse parler son instinct de possession et se bat pour détenir des territoires, c'est le début de souffrances innommables, qui durent depuis plus de deux mille ans. Les plus hautes idéologies, les religions les plus nobles, les empires, le nationalisme, l'éducation, tous ont été coupables de génocides et d'atrocités. Jouer le Requiem de Mozart, c'est confesser nos délits. A Johannesburg, j'ai trouvé un choeur noir excellent, tributaire de deux cultures, l'un des points remarquables de la population noire sud-africaine. Peut-être qu'à l'entracte on donnera de la musique africaine, légère et locale. Après l'ent