A Europe nouvelle, nouvelles moeurs! La Commission n'avait plus le
choix après l'accablant rapport des cinq sages chargés d'enquêter sur ses activités. Ceux-ci ont estimé qu'elle a «perdu le contrôle sur l'administration qu'elle était supposée gérer». Même si les irrégularités qui lui sont reprochées peuvent apparaître comme des peccadilles à l'aune des pratiques françaises, italiennes ou grecques (la liste n'est pas exhaustive), sa démission est le dernier service qu'elle pouvait rendre à la construction européenne: elle reconnaît par ce geste collégial à la fois la primauté d'une éthique stricte et la nécessité d'un contrôle démocratique de son action.
Cette démission collective était d'autant plus nécessaire que les commissaires en général et leur président Jacques Santer en particulier se sont trop longtemps laissé prendre en otages par une Edith Cresson aujourd'hui montrée du doigt pour «favoritisme» avéré et «sérieuse» responsabilité dans les fraudes liées au programme de formation professionnelle dont elle avait la charge. Fidèle, tout comme un Roland Dumas, au vieux précepte mitterrandien «N'avouez jamais! Ne démissionnez jamais!» , la commissaire s'est obstinément accrochée à son poste, préférant dénoncer quelque obscur complot «germanique» plutôt que de reconnaître ses responsabilités. En vain!
A quelque chose malheur peut être bon, cependant. Avec un peu de chance, cet épisode peu glorieux de la vie communautaire devrait sonner le glas de coutumes qui n'ont jamai