C'est le bilan le plus catastrophique depuis dix ans: 8 437
personnes sont mortes sur la route l'an passé, un chiffre en augmentation de 5,6% par rapport à l'année précédente. Vingt-trois personnes sont décédées chaque jour dans un accident de voiture, de moto ou de camion. Dans la nuit de mardi à mercredi, Jean-Claude Gayssot a asséné ces tristes chiffres devant une Assemblée nationale clairsemée qui s'est empressée d'adopter son projet de loi en deuxième lecture (1). Le wagon le plus spectaculaire de ce train de mesures est un délit de grand excès de vitesse réprimant de trois mois de prison au maximum et de 25 000 F d'amende toute récidive d'excès de vitesse de plus de 50 km/h au-dessus des limitations. Car la vitesse reste au coeur du problème. Elle est responsable d'un accident sur deux, généralement accompagnée de ses corollaires: alcool, fatigue et inattention. Bien sûr, cette litanie cyclique des crashs, on la connaît, on l'évoque à l'occasion d'un week-end plus meurtrier qu'un autre, mais aussitôt après on coupe l'autoradio pour accélérer de plus belle, en se disant que c'est une fatalité. La route est dangereuse, c'est comme ça. Mais si la France est toujours l'un des pays d'Europe les plus mal notés, il y a peut-être d'autres raisons que la fatalité. Explications.
1. La faute aux gendarmes «On peut faire Lille-Strasbourg sans voir un képi.» La phrase, un tantinet provocatrice, est de Georges Sarre, ancien secrétaire d'Etat aux Transports et père du permis à points.