Pourquoi croire Christine Deviers- Joncour aujourd'hui qu'elle
accable son ancien amant Roland Dumas plutôt que quand elle tenait sur lui des propos à sa décharge? Quoi qu'elle dise, elle est trop personnellement impliquée dans les investigations des juges pour que son témoignage soit accepté sans réserve. Toutefois, en admettant avoir conservé pour son bénéfice une fraction importante des capitaux que son activité de Mata Hari faisait passer entre ses mains, elle perd une des meilleures raisons qu'elle pouvait avoir de travestir la vérité. Jusqu'à présent, l'instruction judiciaire n'avait rien apporté qui autorise une mise en examen de l'ancien ministre pour autre chose qu'une dérisoire paire de chaussures. Peut-être en ira-t-il désormais différemment. Cela ne bouleverse nullement les raisons qu'on avait de souhaiter que Roland Dumas quitte la présidence du Conseil constitutionnel. Seulement, ces raisons s'en trouvent sérieusement renforcées.
Après avoir joué crânement les «putains de la République», Christine Deviers-Joncour apparaît maintenant comme ce qu'elle est plus vraisemblablement: un personnage dépassé par les événements et qui n'a dû son étrange envol et sa soudaine richesse qu'à quelqu'un de tout autre carrure. Dans l'affaire Elf, elle n'était qu'une comparse richement soldée, soutirant un infime pourcentage de l'énorme caisse noire piochée dans les comptes du pétrolier. C'est dans ces méandres qu'est le coeur véritable du scandale, qui reste pour l'essentiel à écl