L. P. , 43 ans, chef d'entreprise, a été mis en examen et écroué en
août 1996. Il était accusé par son épouse, avec qui il était en instance de divorce, d'avoir violé leur enfant de 9 ans. La justice l'a reconnu non coupable. Il a bénéficié d'un non-lieu en octobre 1998. Il raconte: «Je savais depuis un mois et demi qu'il y avait cette accusation de ma femme contre moi. Elle était dans mon dossier de divorce. Pour me convoquer au commissariat, ils m'ont fait croire que la sûreté urbaine voulait vérifier le bilan de mon entreprise. On vous prend d'abord pour un imbécile, ensuite on vous assomme. L'accusation m'est tombée dessus comme une enclume. C'est comme dans les séries noires: il y a le flic méchant et le flic gentil. Je ne suis ni noir, ni arabe, ni juif, alors, pour eux, je suis pédé. Ils m'ont dit: "Vous avez deux amis qui habitent à côté de chez vous. C'est pratique pour vous! On a l'impression d'être revenu au pire temps, avec l'intolérance, la bêtise. Tout s'écroule autour de vous. »Je n'ai rien eu à boire ni à manger pendant 36 heures. Il a fallu que je tombe dans les pommes pour qu'un médecin vienne et diagnostique une hypoglycémie. Ils ont pris 12 francs dans ma poche pour un sandwich. Le plus grotesque, c'est qu'après, quand j'ai récupéré le reste de mon argent, j'ai aussi récupéré le ticket du sandwich. La présomption d'innocence n'existe pas: ils considèrent les faits comme acquis, tant que vous n'avouez pas, ils continuent. Rien que pour arrêter ça, on peut