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Libération
Analyse

Plus d'égards pour les cols blancs que pour les voleurs de poules. Le texte ignore la comparution immédiate.

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publié le 23 mars 1999 à 0h15

«Ce texte est de l'eau tiède, à nous d'en faire quelque chose de

fort», déclarait le député PS Jacques Floch le 14 novembre à propos du texte d'Elisabeth Guigou. Quatre mois plus tard, les débats commencent et l'eau tiède ne s'est guère réchauffée. L'exercice était difficile pour Elisabeth Guigou, tiraillée entre des périls contradictoires. D'un côté, les syndicats de magistrats de toutes tendances critiquent violemment le projet. Sur fond d'affaires politico- financières, certains estiment qu'il entravera le travail des juges d'instruction, qu'il est aussi un signe de défiance supplémentaire du monde politique à leur encontre. D'autres magistrats y sont opposés parce que les dispositifs antidétention provisoire ne sont pas assez audacieux.

Epargner les cols blancs. En face, des députés tentent aussi d'en modifier le sens. Alain Tourret (PRG, Calvados) s'est attiré les foudres de la ministre de la Justice pour s'être intéressé de trop près à la délinquance en col blanc. L'élu souhaite éviter la détention provisoire aux auteurs de délits financiers (tout en jurant que son combat concerne autant le voleur de poules que le patron indélicat). Il a aussi essayé de limiter la prescription de l'abus de biens sociaux, délit au coeur de la plupart des grandes affaires financières. La garde des Sceaux, qui ne veut pas davantage se voir accusée de favoriser la petite délinquance, a aussi dû faire face aux troupes socialistes. Et non des moindres: le rapporteur, Christine Lazerges, et l