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Libération
Éditorial

Timidité

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publié le 23 mars 1999 à 0h15

A quelque chose, pour le menu peuple, le malheur des notables est

bon. Nombre de responsables politiques ou économiques ont fait ces dernières années l'amère expérience de la rudesse des procédures judiciaires. Cela les a rendus moins insensibles aux plaintes des justiciables qui ne les avaient guère émus jusque-là. Du coup, la présomption d'innocence est passée au statut de valeur à bichonner. Ayant désormais la possibilité de mieux se défendre face à des magistrats instructeurs aux attributions moins discrétionnaires, chacun de nous (à Dieu ne plaise qu'il n'ait à le vérifier) se retrouvera plus libre citoyen d'une plus juste République.

Il ne reste donc plus qu'à crier hourra? Pas trop vite. Non seulement les réformes proposées restent timides, non seulement elles laissent en place, faute de moyens, bien des disgrâces, mais elles s'inscrivent dans une longue série de réformes de la justice qui ont eu pour principal résultat un magnifique statu quo. Mais aussi parce que la tentation demeure chez certains parlementaires de corser le texte ministériel et, sous couleur de présomption d'innocence, de museler la presse.

Une trentaine de ministres français, une centaine de maires ou de députés ont eu maille à partir avec les représentants de la loi et cela, dans une très grande majorité de cas, après que des organes de presse eurent évoqué les affaires les concernant. Un mélange de ressentiment et de crainte pour l'avenir pousse aujourd'hui bien des législateurs à faire payer à la