Menu
Libération

Au Kosovo. Les paysans de Novo Selo «dans l'oeil du cyclone».

Article réservé aux abonnés
publié le 25 mars 1999 à 0h17

Novo Selo, envoyé spécial.

Couronné par ses hêtres, ceinturé par ses champs, Novo Selo, quelques heures avant le début de l'attaque de l'Otan, dégageait une aura de quiétude inattendue. A quelques kilomètres au nord de la capitale Pristina. Entre villages et bourgades, avec de solides corps de ferme aux murs chaulés, des canards sur ses mares, des chevaux de labour et des semeurs aux gestes augustes. Car, sur des kilomètres à la ronde, elle reste l'unique commune où se côtoient encore Serbes et Albanais. A Novo Selo, 3 400 habitants sur les registres, 52 familles sont orthodoxes pour un peu plus de 300 foyers musulmans. «De tout temps, nous avons vécu en bon voisinage, assure Rasim Maxhumi, 62 ans. Sous l'oc-cupation allemande, nous avons protégé les Serbes et aucune de leurs maisons n'avait été détruite. Aujourd'hui, de par leur présence, l'armée nous a épargnés.» Des bois, parvient le grondement sourd des départs d'artillerie. Et, à la nuit, au-delà les vergers, on distingue les flammes qui ravagent les hameaux voisins de Druar, Milhaliq, Beçuk, Strofc et Zhilivodë, bastions des indépendantistes albanais de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), cibles des canons serbes. «Nous sommes dans l'oeil du cyclone, constate Nexhmi Maxhumi, professeur de 49 ans respecté dans son clan, qui supervise l'aide humanitaire dans les villages alentour. Nous avons accueilli 990 réfugiés dans nos fermes. Nous stockons les provisions de la Croix-Rouge internationale. Et, pour le reste, chaque