Belgrade, envoyée spéciale.
A peine libéré de prison, l'air grave, le journaliste Veran Matic traverse la salle de conférences sous les applaudissements nourris du Tout-Belgrade démocratique. Ses confrères, des avocats, des militants des droits de l'homme et même des chefs de partis, s'étaient déplacés pour saluer la première victime de l'«état de danger de guerre imminent» proclamé mardi.
Veran Matic est le rédacteur en chef de la station de radio indépendante B-92, un média qui a toujours dénoncé la violence et prôné la démocratie. B-92 a été fermée dans la nuit de mardi à mercredi. Une escouade de policiers a pénétré dans la station vers 2 heures du matin pour saisir une pièce vitale de l'émetteur, sous le prétexte que celui-ci était d'une puissance supérieure à ce qu'autorise la loi. Elle est repartie en emmenant Veran Matic. «Je croyais qu'on allait m'interroger, mais pas du tout. On m'a emmené au dépôt, fouillé et mis en cellule. A 12 h 30, on m'a relâché, raconte Matic. Les médias indépendants sont près des citoyens au moment où ceux-ci se trouvent dans une situation traumatisante.» C'est pour cette raison, continue le journaliste, que B-92 a été interdite. La radio indépendante n'a pas été fermée pour un soutien à l'intervention de l'Otan. «Les médias indépendants sont hostiles à toute intervention militaire qui se substituerait à une solution politique», rappelle Matic.
Un an de guerre au Kosovo a coûté très cher aux médias indépendants. En un an, quatre radios et un