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Libération

Avant d'être expulsé de Pristina, notre envoyé spécial a recueilli les témoignages angoissés des habitants. «Toute la nuit sans dormir, à guetter les rafales». Pendant que les frappes aériennes de l'Otan se poursuivaient hier en Serbie et au Kosovo, à Pristina, les Serbes semblaient mettre à exécution leurs menaces de représailles contre les civils albanais.

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publié le 26 mars 1999 à 0h18

Pristina, envoyé spécial.

Sous un soleil printanier, et comme si de rien n'était, les Serbes de Pristina se promenaient en nombre, hier matin, sur les trottoirs du centre-ville. Sorte de défi collectif aux menaces occidentales, au lendemain de la première série de frappes de l'Otan. Des couples flânant sans but, la plupart des magasins étant fermés. Des policiers en patrouille profitant de l'accalmie pour faire reluire leurs bottes entre les mains expertes des petits cireurs tsiganes. Des soldats, sur leurs blindés, sifflant les filles aux carrefours. Pas la moindre trace d'appréhension sur les visages, mais la marque d'une détermination à toute épreuve. L'agressivité est grande envers ces journalistes étrangers, ressortissants des pays dont les avions ont frappé toute la nuit. Et les rares passants qui acceptent de leur répondre se déclarent certains que «la troisième guerre mondiale a commencé au Kosovo», et que «les Serbes se battront jusqu'au dernier».

Autodéfense. La mobilisation, cette fois, est totale. Et les femmes ne sont pas les dernières à porter un pistolet en sautoir. «Nous devons envisager la possibilité que les terroristes de l'Armée de libération du Kosovo décident d'agir dans la ville, assure l'un des responsables du centre d'information serbe. Nous devons être capables de nous occuper d'eux sans dégarnir les différents fronts.» Dans la bourgade de Kosovo Polje, un faubourg serbe de Pristina, les habitants semblent avoir formé des groupes d'autodéfense. Près d