Hier matin, c'était pénurie d'images sur LCI, la chaîne tout-info,
filiale de TF1. Fausse joie vers 9 heures, quand sont arrivés quelques plans. «Vérification faite, c'était en Macédoine, soupire Benoît Laporte, rédacteur en chef. Pas de bol, on a laissé tomber.» Alors, on pioche dans un stock venu de l'agence d'images américaine APTN: des scènes nocturnes d'explosion et d'incendie en Serbie. «Tu rechanges pour qu'on n'ait pas la même, lance le rédacteur en chef à Laurent, l'assistant. «Mais y a rien d'autre», proteste celui-ci. «Si, faut changer, même si c'est la même"» Laurent rigole et s'exécute. Il dégote un plan un chouia différent qui servira de générique à l'édition de midi. «On ne peut pas mettre la même image depuis 7h du matin, explique son chef. Histoire que, visuellement, les gens ne se disent pas qu'il ne se passe rien.»
Dans les 80 mètres carrés de la salle baptisée «Phosphore», entre cockpit et usine à gaz, Benoît Laporte pilote les journaux de LCI. Un à chaque demi-heure, soit 45 éditions par jour. Au fond, la dizaine d'écrans ne crachent rien de frais. Ni les EVN (banque internationale d'échange des télés), ni l'agence anglaise Reuters, ni l'américaine APTN. «On n'a plus de correspondants, les portables vont être confisqués!», lance soudain son adjoint. Il est midi. Catastrophe. Faute d'images, LCI mise sur des liaisons téléphoniques avec ses correspondants. «Ça peut très bien faire vivre la situation. Tant pis si on n'a pas l'image», affirme Jean-Marie Bayle,