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Libération
Éditorial

Tragédie diplomatique.

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publié le 26 mars 1999 à 0h18

Le diable niche dans les détails. Notre pays n'a pas manqué de

mettre en exergue à cette crise internationale sa fameuse exception. Seul des grands pays démocratiques, son Parlement débattra de la question du Kosovo et de l'engagement de ses forces armées, ce matin, soit deux jours après le déclenchement des raids. Et, mis à part les communistes, dont c'est la position traditionnelle, et le président socialiste de la commission de la défense, qui se distingue à l'occasion, personne ne s'en est véritablement ému. Certes, la Constitution de la IVe République n'est plus en vigueur, qui instituait que «la guerre ne peut être déclarée sans un vote de l'Assemblée nationale»: depuis plus de trente ans, le Parlement n'est plus qu'un auxiliaire de l'exécutif. Cet épisode ne fait pas honneur à tous ceux qui prétendent moderniser la vie politique française. Les Parlements démocratiques des pays de l'Alliance ont normalement débattu du Kosovo avant que ne décollent leurs avions. Le diable niche dans les détails. Contrairement à une idée fausse qui veut que les Etats-Unis soient les commanditaires de cette opération guerrière, c'est l'Union européenne qui est à la pointe du combat en Serbie. C'est elle qui a lancé et parrainé la conférence de Rambouillet sur le Kosovo et, comme vient de le confirmer le sommet de Berlin où les Quinze sont réunis, c'est bien l'Europe qui a pensé soutenir ses efforts diplomatiques en instrumentalisant la menace des frappes de l'Otan. Lorsque la négociation