Menu
Libération
Interview

François Heisbourg, expert en stratégie. «Epuisons d'abord le recours politique».

Article réservé aux abonnés
publié le 27 mars 1999 à 0h18

François Heisbourg, expert des questions stratégiques, est président

du Centre de politique de sécurité de Genève. Les frappes aériennes seules n'ont jamais réglé un conflit: est-ce aussi votre avis?

C'est ce que suggère l'expérience historique, mais il peut y avoir une exception. Cela étant, à ce stade, nous ne voyons pas trace de cette exception dans le cadre de la Serbie.

Au troisième jour des frappes, Milosevic reste intraitable, et le Kosovo est coupé du monde. N'y a-t-il pas un effet boomerang de l'opération?

Il y a un risque réel. Cela dit, la messe n'est pas dite. Mais il serait bon de commencer à songer à ce que l'on va faire si le but recherché n'est pas obtenu. Le but énoncé par Chirac et Blair, c'est la signature par la Serbie des accords de Rambouillet.

A quel changement de cap pensez-vous?

Il y a un levier politique majeur que nous n'avons pas utilisé pour tenter d'amener Milosevic à signer: la menace de la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo. Je ne fais pas partie des gens qui militent pour l'indépendance, je constate seulement que puisque rien d'autre n'a permis de l'amener à la raison, et étant donné la crainte que lui inspire l'indépendance, nous devons songer à utiliser cette menace. Je pense qu'elle pèsera plus lourd que des frappes.

La logique militaire a-t-elle dit son dernier mot?

Non. Mais entre une logique politique comme celle que je viens de décrire et la logique militaire, il peut exister une dialectique. Il est préférable d'épuiser les ressources