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Libération
Portrait

Milosevic, «serial loser» à sang froid. Rongé d'ambition, il offre un sombre bilan à son peuple.

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publié le 29 mars 1999 à 0h19

La trogne carrée surmontée de cheveux gris et drus illustre depuis

une décennie en une de tous les médias les tragédies de l'ex-Yougoslavie, mais, étrangement, ces tragédies n'ont laissé aucune marque visible sur le visage dur et toujours poupin de Slobodan Milosevic. C'est un animal à sang froid. Les foules l'insupportent autant que les interviews et ses apparitions publiques sont rares. Il aime le vrai pouvoir, celui qui n'a pas besoin de s'afficher. Bilan affligeant. Apparatchik tard venu à la politique, l'homme fort de Belgrade a des goûts plutôt austères et une passion connue pour le whisky et les petits cigares. Un diplomate britannique non dépourvu d'humour et bon connaisseur des Balkans l'a défini comme un «serial loser» (un perdant en série). Le bilan de l'homme d'Etat est en effet affligeant pour son propre peuple. Il rêvait d'une Serbie forte qui recentraliserait autour d'elle la Yougoslavie. Cette politique a au contraire provoqué son éclatement. Sur les décombres de la Fédération, il a tenté d'édifier par la force des armes la plus grande Serbie possible pour réunir tous les Serbes dans un même Etat. L'échec fut tout aussi patent. Mais il a su au fil des événements sauver la face, changer de rôle, posant à l'homme de paix signant les accords de Dayton sur la Bosnie après avoir été le fauteur de la guerre et s'être débarrassé d'alliés encombrants. Son grand talent est de se maintenir aux commandes. D'où sa réputation de grand tacticien et la fascination qu'il exe