La France demande au Premier ministre russe Evgueni Primakov de se
rendre en personne à Belgrade cette semaine pour tenter de faire revenir Slobodan Milosevic à la table de négociation. C'est Jacques Chirac qui lui a fait cette suggestion lors d'un entretien téléphonique samedi soir, estimant que c'est la seule chance de mettre fin rapidement aux frappes aériennes de l'Otan. Primakov, dit-on, a semblé intéressé, mais n'a pas donné sa réponse.
Cette initiative inattendue risque d'être diversement interprétée: elle présente en particulier le danger de donner l'impression que la France offre une porte de sortie au président yougoslave au moment où l'Otan passe à la «phase 2» de ses frappes. Mais, à Paris, on présente les choses différemment: reconnaissant que les raids aériens seuls ne régleront pas le problème, les responsables français estiment qu'il faut faire également pression sur les Serbes par d'autres moyens, et la seule clé aujourd'hui est entre les mains des Russes. Pour Paris, ils sont les seuls capables d'obtenir de Milosevic un «signal assez clair» pour permettre d'arrêter les frappes et de rediscuter. Un pari discutable au vu des positions violemment hostiles des Russes à l'action de l'Otan et du préalable de l'arrêt des frappes qu'ils exigent avant toute discussion. Mais Paris incite néanmoins Primakov à faire pression sur Milosevic pour redonner à la Russie son rang.
Pour Paris, Primakov a toutes les cartes en main pour peser sur Milosevic, non seulement en raison