Washington, de notre correspondant
«La brutalité de la répression menée par les forces serbes contre des civils désarmés, des femmes et des enfants, ne fait que renforcer la nécessité pour l'Otan de poursuivre» ses bombardements contre la Serbie, a expliqué Bill Clinton à ses compatriotes samedi. Les Américains paraissent en être pour la plupart convaincus à en croire les sondages publiés ce week-end avant même que n'apparaisse l'étendue de ce que le Washington Post qualifie de «génocide» au Kosovo. Mais en même temps, répétait dimanche matin sur CBS le secrétaire d'Etat, Madeleine Albright, «le Président n'enverra pas de troupes au sol» se battre dans les Balkans pour éviter de nouveaux Oradour. Clinton «rejette la notion selon laquelle le seul choix serait entre laisser massacrer les Kosovars sans réagir et envahir la Serbie», expliquait hier dans le New York Times son conseiller à la Sécurité nationale, Sandy Berger, pour justifier la «demi-guerre» menée contre la Serbie.
Une nouvelle fois, la crise du Kosovo illustre ce qui commence à ressembler à une «doctrine Clinton»: le recours à la guerre aérienne, en dépit de toutes ses limites, comme instrument d'une politique étrangère américaine qui vise à préserver la crédibilité de la seule superpuissance de l'après-guerre froide, tout en minimisant les risques de l'intervention pour l'armée américaine (le «zéro pertes»). La guerre, aux objectifs limités («endommager la capacité militaire» de l'ennemi), est menée avec les moyen