Bonn, de notre correspondante.
Les quatorze Tornados allemands qui décollent de la base italienne de Piacenza depuis une semaine pour aller bombarder des bases serbes marquent une césure, en Allemagne plus encore que chez ses partenaires de l'Otan. Pour la RFA, cet engagement est le premier acte d'agression depuis la Seconde Guerre mondiale. Il est d'autant plus traumatisant que pour la troisième fois en ce siècle, l'Allemagne se retrouve en guerre contre les Serbes. Bien que ce conflit n'ait rien à voir avec les précédents, historiens et sympathisants de la cause serbe ne manquent pas de rappeler les hostilités lancées par Guillaume II pendant la Première Guerre mondiale et par Hitler qui fit bombarder Belgrade en 1941 et massacrer des dizaines de milliers de Serbes avec ses alliés croates oustachis.
Génération. Le fait que ce premier engagement guerrier depuis 1945 ait été assumé par un gouvernement de coalition entre sociaux-démocrates et Verts, parti issu du mouvement pacifiste des années 70, l'a assuré d'un large consensus. La génération qui a dû donner l'ordre de combat, celle du chancelier Schröder (54 ans) ou du ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer (50 ans) est celle de la révolte contre la guerre du Viêt-nam, du «faites l'amour, pas la guerre», mais aussi du «plus jamais ça», l'engagement moral à ne pas laisser se reproduire des crimes semblables à ceux des nazis. Pour justifier les bombardements, le ministre de la Défense, le social-démocrate Rudolf Schar