C'est une autre bataille. De communication, celle-là. Comment
convaincre les Français du bien-fondé de l'engagement militaire contre la Serbie décidé par le chef de l'Etat et son Premier ministre? Dimanche, devant les socialistes réunis en convention, Lionel Jospin pense l'affaire faite. «Les sondages déjà parus et ceux à venir montrent que les Français sont avec nous», affirme-t-il. Il s'appuie, entre autres, sur un sondage Ipsos paru le matin dans le Journal du dimanche, selon lequel 57% des Français approuvent «l'intervention militaire de l'Otan» (1). Las! Le lendemain, une enquête CSA publiée par le Parisien assure que 46% des sondés (contre 40%) désapprouvent «les bombardements aériens» (2). Le chiffre contredit les prédictions de Jospin. Et il n'échappe pas au chef de l'Etat qui, du coup, arrête le principe d'une intervention le soir à la télévision. Pour arrimer à sa cause une opinion qui n'a pas encore de religion bien fixée quant à la vertu du recours à la force. A preuve, il suffit de bouger un mot, de substituer «bombardement» à «intervention» pour que le soutien bascule, de majoritaire devienne minoritaire. L'enjeu est réel. Jacques Chirac, lundi soir, l'a bien senti qui a parlé d'une «situation qui nous préoccupe tous et sur laquelle chacun, en conscience, ne peut manquer de se poser des questions». Il a aussi pris soin de donner le sentiment que l'Europe a le contrôle des opérations, non les Etats-Unis, pour tenter de se prémunir contre un antiaméricanisme lat