Avec ses 90% d'Albanais et son économie délabrée, le Kosovo devrait être, pour la Serbie, un boulet. Pourtant, même les plus modérés des démocrates serbes se refusent à envisager l'idée d'une indépendance de cette province. Pour les Serbes, le Kosovo, berceau de leur histoire, est d'abord un mythe. Celui de l'âge d'or perdu et retrouvé après cinq siècles passés sous le joug de l'empire ottoman.
1389: la victoire turque ou l'unité serbe perdue Le royaume médiéval serbe des Némanides atteint son apogée au XIVe siècle, sous la houlette d'Etienne Douchan, couronné empereur en 1346. Son empire, dont le coeur est au Kosovo, s'étend jusqu'en Macédoine et en Grèce. A sa mort, il éclate en de multiples principautés. En juin 1389, l'Etat médiéval serbe est défait par les Turcs, à Kosovo Polje, littéralement «le Champ des merles». La bataille est d'une ampleur jamais vue. Le chef de l'armée serbe, le prince Lazare, et le sultan turc Murat sont tués. Les Ottomans sont maîtres des Balkans. Désunis, semi-vassalisés, les seigneurs féodaux serbes n'offriront plus qu'une résistance sporadique, et Belgrade tombera un siècle et demi plus tard. De la défaite de Kosovo Polje, les Serbes ne retiendront qu'un mythe, celui de l'union qu'il faut restaurer à tout prix, celui du souvenir de la souffrance, soigneusement entretenu par l'Eglise. Des Némanides, il restera une série de grands monastères dispersés au Kosovo autour du patriarcat de Pec.
C'est du Kosovo que naît aussi un aut