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Libération

L'Allemagne réactive le spectre nazi.L'analogie Milosevic = Hitler sert à justifier les frappes.

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publié le 3 avril 1999 à 0h34

Bonn de notre correspondante

«Ils les déportent en camps de concentration», hurlait jeudi en grosses lettres Bild, le plus gros tirage de la presse quotidienne allemande. En illustration: une immense photo floue, prise par la télévision serbe à Pristina, la capitale du Kosovo, où l'on distingue une longue file de réfugiés, valises à la main. «Un cauchemar se reproduit», insiste la légende. En pages intérieures, un éditorial de Peter Boenisch, ancien conseiller de l'ex-chancelier Kohl, développe le parallèle historique: «Quiconque pensait que la terrible institution des camps de concentration était morte avec Hitler et Staline s'est trompé ["]. Hitler et Staline ont ressuscité en Milosevic.»

«Génocide». Les exactions au Kosovo ont réveillé, en Allemagne, le spectre du nazisme. Les premiers, les Serbes ont comparé l'offensive de l'Otan à celles de Hitler. Des pancartes assimilant le chancelier Gerhard Schröder à Hitler ont fait leur apparition dans les rassemblements quotidiens contre la guerre. Les partisans des bombardements sont beaucoup plus nombreux, pourtant, à rappeler le nazisme pour justifier les frappes aériennes. Le ministre social-démocrate de la Défense, Rudolf Scharping, s'est spécialisé dans ce type de comparaisons: «Un génocide a commencé», lançait-il lundi. «Il y a des indications sérieuses que des camps de concentration sont mis en place au Kosovo», ajoutait-il mercredi, choisissant délibérément un vocabulaire spécifique aux crimes nazis: «La population (albana