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Libération

Les réfugiés de Blace déplacés. L'armée de Macédoine les a transférés vers les camps de l'Otan.

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publié le 8 avril 1999 à 0h38

Brazda, envoyé spécial.

Les feux de camp ne sont plus que cendres. Et la fumée, qui, ces derniers jours, couvrait d'un nuage âcre les abords du poste frontière de Blace, a été dispersée par la brise. L'immense bidonville où s'entassaient plusieurs milliers d'Albanais chassés du Kosovo ressemble désormais à une vaste décharge. Les toiles en plastique des cahutes de fortune battent au vent, ouvertes sur des couches abandonnées à la hâte. Vêtements, chaussures, maigres provisions jonchent le sol. Des équipes de désinfection patrouillent sur un cloaque d'excréments, de détritus, de nourriture avariée se décomposant au milieu de ballots éventrés. Des policiers, surpris, découvrent une femme exténuée, endormie sous un amas de couvertures boueuses. Elle est la seule à avoir échappé à la gigantesque opération d'évacuation montée la nuit précédente par l'armée macédonienne pour transférer tous les déportés de Yougoslavie vers les camps de transit montés à la hâte par les troupes de l'Otan.

Dix mille disparus. Un déplacement aussi massif qu'expéditif, décidé brutalement par les autorités macédoniennes, mené sans ménagement par des policiers ne cachant pas leurs sentiments proserbes. «Nous craignons que des pressions aient été exercées sur les réfugiés qui ont dû abandonner leurs affaires personnelles, de la nourriture pour nourrissons et parfois leurs papiers, dénonce Paula Ghedini, porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR). Environ 10 000 personnes ont di