Lionel Jospin chef de guerre ou chef d'une coalition déchirée par le
conflit du Kosovo? L'intervention du Premier ministre, hier soir, sur France 2, avait un objectif: clore l'épisode d'une majorité, plurielle jusqu'à se diviser en temps de guerre, et endosser l'habit de l'homme d'Etat face à la crise militaire. Et ce n'est pas un hasard s'il aura patienté jusqu'au quinzième jour des bombardements pour intervenir à la télévision. Car, pour réussir l'exercice de communication, il lui fallait réunir trois conditions. Attendre les sondages. La première était de s'assurer de l'état de l'opinion publique. D'abord hésitants, les sondages ont montré que l'adhésion à l'opération en cours était plutôt solide (lire ci-contre). Et, après une phase de doutes, voire de critiques sur l'effet des frappes, sur le rôle de l'Otan, sur l'accueil des réfugiés en France la perception du dossier par les Français est devenue plus positive. Dès lors, hier, c'est sans difficulté qu'il a assumé la totalité des actions militaires «au nom d'une morale, je dirais même au nom d'une philosophie, et d'une conception de la civilisation»; qu'il s'est affirmé en cohérence avec «le socialiste, l'homme de paix que je suis» et qu'il a lancé un martial: «Nous n'interromprons pas les frappes.»
Calmer la majorité plurielle. Le vague à l'âme au sein de son camp constituait le deuxième motif pour prendre son temps. Pour «traiter» l'allié communiste, le Premier ministre a eu l'idée de lui appliquer la doctrine Che