Il y a des gaffes plus ridicules que d'autres. «Je vous invite à
quitter le territoire français dans le délai d'un mois à compter de la notification de la présente décision.» La mise en demeure de la préfecture a été expédiée à ce Serbe de 25 ans, déserteur de l'armée de Milosevic et réfugié à Paris. C'était le 23 mars, veille des premières frappes de l'Otan.
L'invitation à quitter le territoire n'est que la suite logique du refus d'asile territorial signifié par le ministère de l'Intérieur un mois auparavant. L'asile territorial ou humanitaire a fait son entrée officielle dans la loi Chevènement (dite «loi Réséda»: relative à l'entrée et au séjour des étrangers et au droit d'asile) et bénéficie à l'étranger dont «la vie ou la liberté est menacée dans son pays ou qui y est exposé à des traitements contraires à l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme», c'est-à-dire la torture, les traitements inhumains et dégradants. C'est précisément ce que risque ce jeune Serbe, qui s'est enfui en septembre de son pays.
«Décision décalée». «En mai 1998, les premiers affrontements lourds ont commencé au Kosovo, a-t-il raconté aux autorités françaises. Milosevic nous poussait à nouveau dans une guerre idéologique, à propos de fantasmes historiques à relents fascistes qui n'aboutissaient qu'à oppresser un peuple qui réclamait son indépendance.» Au ministère de l'Intérieur, on justifie ce refus plutôt surprenant: «Certes, la décision peut paraître décalée aujourd'hui, mais el