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Libération
Interview

Robert Sebbag , de la Croix-Rouge, réagit à la mobilisation: «Bluffé par l'engouement».

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publié le 10 avril 1999 à 0h39

Le docteur Robert Sebbag est directeur des opérations

internationales de la Croix-Rouge française. Il est rentré d'Albanie cette semaine et y retourne ce matin. Avant le départ, il revient sur la solidarité des Français envers les réfugiés kosovars.

On assiste depuis quelques jours à un élan de générosité des Français. Surpris?

Le vieux briscard de l'humanitaire que je suis est vraiment bluffé par cet engouement. Quand je suis rentré d'Albanie il y a deux jours, j'ai vu le standard de la Croix-Rouge exploser sous les appels. Beaucoup de chèques nous sont parvenus et de la nourriture, évidemment. Mais on croule aussi sous les demandes de bénévolat, souvent difficiles à canaliser. Il faut les diriger vers les centres régionaux et les former, alors que nos équipes permanentes sont collées au téléphone ou sur-occupées par l'ouverture du courrier. Au début du conflit, c'était assez calme et ça s'est vraiment emballé lors du week-end de Pâques, avec toutes les images des convois de réfugiés qui ont quitté massivement la province à partir du 8 avril. Les médias n'ayant pas accès au conflit, ils se sont focalisés là-dessus.

Comment expliquez-vous cette réaction des français, que d'autres images durant d'autres conflits n'ont pas suscitée?

A mon avis, ce qui a fait réagir les gens c'est avant tout la proximité des Balkans, à deux heures d'avion de la France. Et puis, c'est terrible à dire, mais les Kosovars que les Français voient à la télé sont des blancs comme eux, sont habillés comme