Belgrade correspondance
Pour la première fois depuis le début des raids de l'Otan, le 24 mars, les sirènes d'alarme n'ont pas retenti à Belgrade en ce dimanche de la Pâque orthodoxe. Les habitants de la capitale yougoslave ont voulu croire que l'Alliance leur faisait un cadeau. Certains, moins crédules, ont fait observer que ce sont plus sûrement les mauvaises conditions atmosphériques qui ont fait renoncer l'Otan à ses bombardements. «Bombes ou pas, croyez bien que nous n'aurions rien changé à nos traditions. Pour nous, orthodoxes serbes, Pâques est la fête sacrée entre toutes, et aucun danger n'aurait pu nous empêcher de la célébrer comme il se doit», assure Miroslav, 70 ans, professeur de littérature à la retraite. Déja, du temps du régime communiste de Tito, athée par définition, la famille de Miroslav, comme tant d'autres, honorait toutes les fêtes de la chrétienté orthodoxe. «Nous n'y avons jamais failli, même si ce n'était pas bien vu par les communistes», assure le vieil homme. Pour la première fois, les Serbes ont eu cette année la surprise de recevoir les voeux de Pâques du président Slobodan Milosevic. «Nécessité fait loi», remarque ironiquement Miroslav. Il n'est pas, loin s'en faut, dit-il, un adepte de la politique du président yougoslave, mais, comme la plupart de ses concitoyens, il réprouve sans réserve les frappes aériennes contre la Yougoslavie. «En ce moment où il joue sur le fil du rasoir, Milosevic tient à s'assurer le soutien du plus grand nombre, et