Budapest de notre correspondante
A peine entrée dans l'Otan, la Hongrie est entraînée dans une guerre qui se déroule à sa frontière sud. Participant indirectement à l'opération «Force alliée», elle a offert son espace aérien, utilisé chaque jour par les avions, qui s'y ravitaillent en vol et assurent la protection du flanc nord. C'est en survolant la Hongrie que les Awacs américains ont permis de récupérer le pilote du F-117 qui s'est écrasé en Serbie. Budapest a également prêté ses aéroports militaires, mais seul l'aérodrome de Taszar, à une centaine de kilomètres de la frontière yougoslave, joue un rôle logistique. De cette base arrière du contingent américain de la Sfor stationné en Bosnie décollent des vols humanitaires vers l'Albanie.
Ce baptême par le feu met Budapest dans une position délicate. Bénéficiant de la protection de l'Otan, la Hongrie est cependant son «homme sensible», car le seul à avoir une frontière avec la Serbie (voir carte page 2). L'inquiétude est d'ailleurs perceptible dans le sud du pays, où la population entend en permanence le vrombissement des avions et où on vérifie le bon fonctionnement de quelque 3 000 sirènes. A 10 km de la frontière, où chaque véhicule est fouillé, les gardes-frontières ont établi un cordon sanitaire le long des 174 km séparant les deux pays. Au-delà, les unités d'élite, certaines en état d'alerte, patrouillent.
Le talon d'Achille de la Hongrie, ce sont les 350 000 Hongrois vivant de l'autre côté de la frontière, en Voïvodi