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Libération
Analyse

La guerre, mythe fondateur du nationalisme serbe.En manipulant l'histoire, le régime fait sienne la tradition de résistance.

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publié le 12 avril 1999 à 0h40

Les bombes de l'Otan n'ont pas affaibli Slobodan Milosevic, du moins

à l'intérieur de son pays. Les Serbes se sont ressoudés comme jamais autour d'un pouvoir qui use et abuse des comparaisons historiques, jouant sur un imaginaire national où se mêlent le sens de la bravade, l'exaltation d'un passé héroïque reconstruit sur mesure, la paranoïa et le sens du sacrifice. «Notre histoire est fondée sur le refus et le défi. Contre les Turcs, contre l'Autriche, contre Hitler, contre Staline. C'est une attitude parfois suicidaire. Nul ne peut sérieusement penser vaincre l'Otan, mais Milosevic dit non, et les Serbes, même ceux qui le détestent, ne peuvent s'empêcher de ressentir pour lui une trouble admiration parce qu'il a quand même ce courage», souligne Bogoljub Kocovic, historien et adversaire du national-communisme du président yougoslave. Un mot serbe résume cet état d'esprit: «inat», qui signifie à la fois têtu et orgueilleux pour maintenir jusqu'au bout ce que l'on croit juste. Mariage en uniforme. Militant de l'opposition non nationaliste et professeur de psychologie à l'université de Belgrade, Zarko Korac a cherché à comprendre la mécanique mentale qui, depuis des années, porte ses concitoyens à voter à peu près librement pour un homme et un pouvoir qui les a menés dans l'impasse. «Toutes les sociétés closes sont paranoïaques, et à la base de tout délire de persécution il y a l'idée de sa propre grandeur», analyse le psychologue. Le régime a beau jeu de se référer à des pré