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Libération

Pâque patriotique pour les Serbes de Paris.La fête orthodoxe tourne à la démonstration d'exaltation nationaliste.

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publié le 12 avril 1999 à 0h40

Une enclave serbe en plein Paris à l'occasion de la Pâque orthodoxe.

C'est l'image qu'a donnée la file d'attente de plusieurs milliers de personnes agglutinées hier devant l'église serbe de la rue du Simplon, dans le XVIIIe arrondissement, siège du diocèse de France et d'Europe occidentale de l'Eglise orthodoxe serbe. Une affluence jamais vue dans cette paroisse transformée en centre humanitaire. Dans l'église minuscule et austère, les fidèles debout, selon l'usage, sont nimbés, telles des icônes vivantes, par la chorale qui les surplombe. «On est venus autant pour la grande fête religieuse que par un sentiment d'appartenance à la communauté», remarque un fidèle. Devant l'autel, l'évêque Luka Kovacevic égrène l'homélie traditionnelle attribuée à saint Jean Chrysostome sur le thème de la Résurrection. Mais dans son communiqué écrit, c'est de politique qu'il parle en stigmatisant l'Otan qui apporte «malheur et désolation» en «violant le droit international (") d'un pays qui n'a attaqué ni menacé aucun Etat».

Duplex télévisé. Dehors, la rue se transforme en forum politique. Dragana, Française d'origine serbe, longue brune de 27 ans, veut faire entendre un autre son de cloches: «Personne n'a voulu entendre ni aider les étudiants qui manifestaient contre le pouvoir à Belgrade. Or, c'est cette génération qu'il faudrait écouter, l'ancienne a déjà fait trop de mal.» Spécialiste de marketing reconvertie dans l'humanitaire, elle caresse le projet d'un grand duplex télévisé entre étudi