Au terme de trois semaines de guerre contre la purification ethnique
au Kosovo, c'est le dictateur de Belgrade qui a encore l'initiative.
La légitimité de la guerre de l'Alliance s'est vue renforcée par la déportation de sans doute plus d'un tiers de la population albanaise du Kosovo en quelques jours. Il ne s'agit pas de propagande destinée à justifier le recours à la force, mais d'un crime de masse indiscutable, vérifiable. Cet événement se produit après des années d'horreurs dans l'ex-Yougoslavie et plus de 200 000 morts. Pendant près de dix ans, tout aura été tenté pour que soit mis fin à cette purification ethnique élevée au rang de système. Il ne restait plus que la guerre pour défendre des valeurs démocratiques essentielles et, disons-le avec gravité: une conception de la civilisation européenne. La sélection par la terreur des populations ne s'est pas ralentie, elle s'est accélérée avec son cortège de trains chargés d'hommes, de femmes et d'enfants, d'exodes massifs, d'exécutions sommaires, de chasses à l'homme et de destructions de villes et de villages. Un cauchemar historique pour tous les Européens. Malheureusement, les moyens politico-militaires mis en oeuvre pour arrêter la machine criminelle du nationalisme serbe n'étaient pas adaptés à la situation. Les dirigeants de l'Alliance avaient totalement sous-estimé Milosevic. Ils pensaient que la menace brandie, et, éventuellement, que quelques frappes aériennes suffiraient à ramener le dictateur à la table des négoc