Combien y a-t-il de Kosovars albanais chassés de chez eux et qui se
trouvent encore à l'intérieur du Kosovo? Sont-ils 260 000, comme l'affirmait jeudi l'Otan? 400 000, comme l'affirmait le 11 avril le secrétaire au Foreign Office Robin Cook? Ou encore plus d'un million, comme le disait hier Médecins sans frontières (MSF)? Et surtout, question lancinante, que sont-ils devenus?
Après avoir organisé la déportation massive de près de 500 000 Kosovars albanais (sur un total de 1,6 million) depuis le début des frappes de l'Otan le gouvernement de Belgrade a soudain décidé, le 7 avril, de fermer les frontières vers l'Albanie et la Macédoine. Les convois de déportés encadrés par les forces serbes qui faisaient, à la frontière albanaise, dix à vingt kilomètres de long ont alors été soudain désertés. Quelques très rares réfugiés qui ont pu traverser la frontière les jours suivants à Morina ont raconté avoir remonté des kilomètres de voitures, tracteurs, remorques et charrettes abandonnées. Ces populations, principalement des femmes et des enfants qui n'avaient souvent pas été alimentés des jours durant pendant leur exode forcé, ont été emmenées par les forces serbes dans des lieux inconnus. Les forces serbes les ont-elles parquées dans des camps ou les ont-elles laissées livrées à elles-mêmes? Les villages bordant la frontière ayant été les premiers à avoir été détruits, il est difficile d'imaginer que ces centaines de milliers de personnes non localisées aient pu trouver où que ce soi