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Libération

Les doutes de guerre américains. La superpuissance est prise de court par la résistance serbe.

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publié le 16 avril 1999 à 0h47

Washington, de notre correspondant.

Les polémiques suscitées par les «bavures» prouvent que le «brouillard de la guerre», aux sens propre et figuré, handicape autant les forces armées de la fin du XXe siècle qu'il le faisait à l'époque de Clausewitz. Mais il n'est pas la seule limite à l'hégémonie militaire de la «seule superpuissance». Il ne fait évidemment aucun doute, selon Michael O'Hanlon, expert de la Brookings Institution, que «les Etats-Unis ont toujours les plus puissantes forces armées au monde, et sont capables d'affronter des menaces sérieuses contre leur sécurité». Mais l'échec de l'Otan à briser la résistance serbe après trois semaines de conflit a mis en lumière des faiblesses jugées inquiétantes par certains analystes à Washington. Il a relancé le débat sur la capacité réelle de l'armée américaine à remplir les tâches fixées par le «plan quadriennal de défense» de 1997: livrer de front deux guerres majeures (l'une en Corée, l'autre dans le Golfe) en même temps que «plusieurs missions d'urgence à caractère limité», du type Kosovo.

L'US Army a du mal à trouver ses marques dans la «demi-guerre» qu'elle livre à la Serbie. D'abord pour des questions d'intendance. Après avoir lancé plus d'une centaine de missiles de croisière depuis le 24 mars, l'US Air Force se retrouve avec un stock de moins de 100 de ces engins. L'US Navy dispose encore de 2 000 missiles Tomahawk (mer-sol) ­ mais elle les consomme à un rythme accéléré (320 ont été lancés, contre 288 pendant toute